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La Tourte de Besse et les divines tartines

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Puisqu’il est impossible de trouver du bon pain à l’Alpe d’Huez, qu’on pleurait de rage de ne pas pouvoir se faire livrer tous les matins par hélico (paraît que le PGHM a mieux à faire) le Délice d’Automne de chez Chevallot, et qu’un pique-nique en altitude sans un bon pain de montagne c’est un peu comme le cul d’une vache sans mouche, il a bien fallu trouver une idée. La meilleure qui nous soit jamais venue soit dit en passant : rouler une bonne heure au lever du jour pour aller assister à la fabrication d’un pain artisanal montagnard (une tourte est une grosse miche de pain d’un kilo et demi) de l’autre côté du col.


La seule perspective de devoir sinon subir pendant dix jours la texture merdique et le goût de carton de ce qu’ils osent appeler pain de montagne au levain dans la boulangerie du centre de l’Alpe d’Huez (qui en plus est une chaine, qui donc enfourne très certainement du surgelé) nous aurait entrainés encore bien plus loin s’il avait fallu.



Pour se rendre à Besse il faut donc monter jusqu’à l’Altiport, prendre la route déglinguée du Col de Sarenne à l’entrée de laquelle il est explicitement marqué que tu t’y aventures à tes risques et périls (bigrement rassurant quand t’es à peine réveillé, mais on a déjà descendu le Col de l’Iseran sans chaines sur du verglas en pleine tempête de neige alors on est rodé), prier que personne n’arrive en face parce que y’a pas vraiment la place, redescendre jusqu’au Perron, passer par Clavans, et remonter jusqu’à Besse de l’autre côté.



Profiter de l’occasion pour faire un petit tour dans le (magnifique) village peut aussi être une chouette idée, encore faut-il que la météo le permette, étant donné que dans ces coins là tu peux passer de l’été à l’hiver en quelques secondes si les nuages et le vent s’en mêlent.
La boulangerie se trouve à l’autre bout du village, le soleil était encore là quand on est arrivé, ce qui nous a permis d’attendre l’ouverture sans nous faire rincer.



Une fois dissipée la petite appréhension après que Monsieur Saint-Pierre m’ait rappelé mon dentiste (grand, pelage grisonnant, masque et tenue toute blanche, y’avait même un petit air dans le regard et la façon de parler), on a pu se faufiler entre le pétrin et les sacs de farine pour assister au tour de magie : aucune mécanisation, levain naturel, farine de montagne du Trièves (mélange seigle et froment), pétrissage et façonnage à la main, cuisson au four à bois. Chouchou était tout fier parce qu’il a même pu aider à sortir les miches du four.


Et puis l’avantage avec une tourte d’1,5 kg c’est que t’en as pour ta semaine, après pour finir les vacances tu peux revenir chercher un biquet d’un kilo (la même chose mais en un peu plus petit).
Et le dimanche Monsieur Saint-Pierre fait aussi de la brioche, il va donc falloir qu’on y retourne l’année prochaine pour la goûter, et embarquer par la même occasion un ou deux pains pur seigle (il n’y en avait pas quand on y est allé).


Ah et j’ai oublié de te dire que c’est le meilleur pain du monde, enfin le meilleur que j’ai goûté mais ça revient à peu de choses près au même. C’est même meilleur qu’un gâteau au chocolat, meilleur que les pains de Du Pain pour Demain (qui méritent tout de même qu’on traverse la ville pour s’approvisionner, on n’a pas encore trouvé mieux sur Dijon), et même meilleur qu’un chocolat noir-framboise Galler.
Mais pour rendre le truc encore plus terrible, Monsieur Saint-Pierre fait aussi de divines confiotes (myrtilles sauvages, framboise, …) que tu peux tartiner dessus avec un bon morceau du fromage frais de biquette local (le Cabrioul), qu’on trouve aussi dans d’autres boutiques mais ici fort bien à propos.


On est repartis sous la flotte et dans la purée de pois avec nos trésors dans un grand sac après avoir hésité plusieurs fois à camper le reste de la saison devant la boulangerie. Et on s’est mis à table pour un deuxième petit déjeuner une fois rentrés et le chat a même eu le droit de goûter à nos divines tartines. Il faut bien éduquer ses gamins aux bonnes choses.



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